Comité de Défense d’Action et de Sauvegarde de Fontainebleau
Bulletin décembre 2019
Sommaire
1. Editorial du président.
2. En mémoire : Anny Lamy , Yves Delange.
3. Exposition L’eau, circuits des aqueducs.
4. Enquête publique modification du PLU : INSEAD,
nouveau quartier au Bréau, secteurs divers.
5. Les grands projets : Chataux, Hôpital, ancien garage
Citroën.
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Avez-vous visité notre site
http://www.comitededefense-fontainebleau.org
vous y trouverez de nombreuses informations, des articles, des photos.
Notre permanence les vendredis et samedis de 10h30 à 12h30.
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1 – Editorial du président
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Il nous paraît essentiel d’obtenir une vision complète sur le Plan de Développement voulu et mis en place pour
Fontainebleau. Plus que des modifications « parcellaires » et des éléments spécifiques pris individuellement, il ressort, à
ce stade de notre mission et de notre engagement comme association, un besoin indispensable d’obtenir un plan complet
de développement du territoire bellifontain pour superposer les composantes infrastructure, mobilité, flux de personnes,
objectifs de densité de population, etc…aux modifications « parcellaires » sur lesquelles nous travaillons et discutons
avec les autorités, les promoteurs… au quotidien.
Les modifications du PLU ne seraient pas inacceptables prises chacune séparément, mais leur analyse est insuffisante
par le manque de vision, de perspective et de projet sur le développement général de Fontainebleau et les impacts de
surdensité potentiels.
Notre association, toujours attentive à la transformation heureuse et harmonieuse de notre cité, demande plus de
consistance et de vision sur le plan d’ensemble avant d’émettre un avis complet et définitif sur des éléments particuliers.
Ceci afin de poursuivre notre engagement pour vous, nos membres, et tous les autres amoureux de la qualité de vie à
Fontainebleau. Transformer oui, mais comprendre d’abord où on va…
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2 -- En mémoire
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Anny Lamy, notre amie fidèle, nous a quittés cet été dans la plus grande discrétion, nous laissant désemparés devant
cette soudaine disparition. D’une immense gentillesse et sans jamais se mettre en avant, elle a pris part aux actions du
Comité depuis bien longtemps, partageant avec nous l’amour du patrimoine naturel et bâti, tant bellifontain que régional
et international. Avec la même ferveur, elle épousait les causes des grandes organisations sans lesquelles nos
associations locales auraient peu de portée. C’est ainsi par exemple qu’elle s’était beaucoup investie dans la présentation
faite à la Maison des Compagnons lors des Journées du Patrimoine 2018 sur le thème de la culture européenne.
A la Maison des Compagnons, qui était un peu sa maison, elle répondait toujours présente, toujours serviable et
apportant aux tâches les plus banales le souffle de l’idéal et des grandes ambitions. C’était sa force, au point qu’il nous
a échappé qu’elle pouvait être fragile. Nous la regrettons.
Yves Delange est décédé le 26 novembre. Ce grand botaniste de réputation mondiale nous faisait l’honneur de
soutenir nos actions depuis longtemps, il avait accepté de faire plusieurs conférences passionnantes sur ses voyages
botaniques lointains ou ses découvertes exotiques toutes proches. D’une immense érudition il savait faire découvrir les
souvenirs et la biographie de J.H. Fabre, les succulentes, les cactées…et bien d’autres merveilles. On le trouvait
toujours disponible pour identifier les plantes peu connues ou exotiques photographiées au détour d’un chemin.
Un grand merci à cet homme simple.
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3 -- L’eau à Fontainebleau, le circuit des aqueducs
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Il n’est rien de tel que le thème de l’eau pour piquer les esprits. A bon escient, car c’est là que tout commence. C’est
cette eau, si discrète de nos jours à Fontainebleau mais omniprésente dans nos sablons sous la forme d’une multitude de
fils d’eau (ce fut l’objet de l’exposition et de la conférence de Monsieur Bessière lors des Journées du Patrimoine à la
Maison des Compagnons), qui a rendu la vie possible dans ce fond de vallée.
Nul doute que cette retraite giboyeuse à l’abri des chaos rocheux ait été habitée dès les temps les plus reculés (des
fouilles récentes ont mis au jour un oppidum gaulois sous la Place d’Armes). Le manoir féodal avec son couvent de
Trinitaires fondé par Saint-Louis ainsi que les différents lieux-dits tiraient le plus grand parti des multiples sources, sous
la forme de puits, bassins, lavoirs et viviers.
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Sous François Ier, Henri II et Henri IV, le palais se métamorphose et les jardins s’enrichissent de canaux et de
multiples fontaines jaillissantes que nous montrent les dessins anciens. Pour satisfaire à ces nouvelles exigences de débit
L’aqueduc sortant du Château d’eau
et de pression, trois aqueducs sont construits. Traversant des espaces non encore
construits à l’époque, ils en assurent le drainage et conduisent les eaux abondantes
sourdant au pied du Calvaire, dans le hameau des Pleus, ainsi que les eaux de la
Coudre, cette petite et invisible rivière bellifontaine.
C’est sur les traces de ces ouvrages d’art que, le samedi 12 octobre dernier, le
CDAS a conduit deux groupes de visiteurs parmi lesquels Monsieur le Maire. Partis
de la Maison des Compagnons rue de la Cloche, nous nous sommes rendus au
Château d’Eau, ou Maison des Fontainiers, au 22 de la rue du Château (d’Eau) où
Madame Mazurek nous a donné de savantes explications sur le fonctionnement de cet
ouvrage magnifique. Situé au-dessous même de la maison, un bassin de recueillement
entouré de déambulatoires, surplombé d’une voûte d’arête en briques et grès d’un très
bel effet, ouvre sur de hautes canalisations évoquant des passages souterrains quelque
peu mystérieux.
De même que tout l’ensemble de l’ouvrage, ce Château d’Eau daté de 1608 (comme
l’indique le fronton) est dû aux frères Francini, ingénieurs hydrauliciens florentins
mandatés par Henri IV, fondateurs d’une dynastie de fontainiers en charge des eaux
de Fontainebleau et du palais du Luxembourg jusqu’à la fin du règne de Louis XV.
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Quittant la rue du Château, nous sommes descendus en direction de la Place Bois
d’Hyver et avons fait halte à mi-hauteur de la rue du Parc pour découvrir, cachés
en contrebas sur la gauche, les restes de l’ancien lavoir public alimenté par
l’aqueduc François Ier.
Dans la rue d’Avon, nouvelle halte pour évoquer le souvenir de l’abreuvoir
municipal, grand bassin en dalles de grès dans lequel les anciens Bellifontains ont
appris à nager, aujourd’hui comblé et transformé en parking pour le personnel de
la mairie.
Quelques pas plus loin nous sommes entrés dans le Parc par la porte de la rue
Marrier afin d’observer, à cent mètres à droite en léger contre-haut, invisible
depuis les allées, un point stratégique du système de distribution des eaux du
château : le « Miroir », vaste bassin rectangulaire où se déversent les aqueducs
François Ier et Henri IV (actuellement vide pour réparation de la sole d’argile).
C’est le point haut qui assure la pression nécessaire au jaillissement de l’eau
des nombreuses fontaines du château.
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De passage à Fontainebleau en 1608, le voyageur anglais Thomas Coryate exprimait ainsi son émerveillement : « Le
palais de Fontainebleau doit son nom aux sources et aux fontaines qui l’arrosent de tous côtés et qui en font le plus
charmant endroit que j’aie jamais vu. Je ne crois pas que dans toute la Chrétienté on puisse trouver un lieu qui vaille
celui-ci pour l’abondance de ses eaux. »
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Puis nous avons longé la Treille du Roi jusqu’à la « Pépinière »
(vaste enceinte abritant les serres du château) où nous étions
attendus par l’un des jardiniers.
Après un arrêt devant le pédiluve des carrosses attelés, nous
sommes parvenus au regard sur l’aqueduc Henri IV. Cet accès
maçonné et doté d’escaliers de grès permet aux fontainiers
d’exercer la surveillance des eaux et des conduites souterraines,
dont les dimensions importantes facilitent le passage d’un homme.
Tout au bout de la Pépinière nous avons admiré la Fontaine Henri
II, ravissant petit pavillon attribué à Philibert Delorme et au fronton
duquel, gravé dans la pierre, figure le chiffre du souverain. Plus loin on accède à la confluence avec les eaux de la
Coudre, aujourd’hui tarie. Force est de constater le faible courant, voire l’assèchement de ces aqueducs dont le rôle était
d’utilité publique autant que d’agrément puisqu’ils contribuaient au drainage et à l’assainissement des terres traversées.
Un urbanisme mal contrôlé est le plus souvent cause de ces pertes de débit.
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Reprenant notre circuit par le mur de la Treille jusqu’à la délicieuse Maison du Jardinier aux hautes lucarnes de briques,
nous sommes descendus vers la Mi-Voie en longeant le plan d’eau et les cascatelles jusqu’à la fontaine dite « Napoléon
III » où l’on venait puiser l’eau il n’y a pas si longtemps. Cette fontaine a inspiré Picasso lors de son séjour à
Fontainebleau en 1921.
Puis, sortis du parc, nous avons enfilé la rue des Provençaux où se trouvaient autrefois lavoirs et tanneries, en
remontant le cours de l’eau vers le quartier des Pleus (pleus : eaux de ruissellement) pour découvrir, grâce à Monsieur
Lemoine qui nous en a ouvert les portes, l’Enclos des Fontaines, véritable paradis sur terre où croissent à foison et en
toute quiétude fruits, fleurs et légumes.
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Là, dans cet espace vaste et secret préservé des méfaits de l’urbanisme
grâce à l’action du CDAS dans les années 70 et à la protection tenace de
Monsieur Lemoine, est le départ de l’Aqueduc François Ier. Les sources
y coulent toujours dans les bassins de grès et les puits habillés de
verdure.
C’est l’aventure de cette sauvegarde, assortie d’explications techniques,
que Monsieur Lemoine a relatée à un public captivé qui n’a quitté ces
espaces bénis qu’à regret.
Nous exprimons ici nos vifs remerciements à Monsieur Lemoine et au
personnel du Château qui ont bien voulu donner de leur temps libre
pour faire connaître le précieux patrimoine dont ils ont la charge.
Retrouvez cette promenade dans la brochure « les Aqueducs Royaux de Fontainebleau ».
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4 – Enquête publique modification du PLU
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A -- L’INSEAD : il s’agit d’adaptations des règles dans le périmètre actuel du domaine sans aucune extension sur la
forêt. Nous avons exprimé nos réserves comme suit :
· Diminution des espaces verts protégés : sous réserve que la suppression d’environ 2000m2 d’espaces verts protégés
soit compensée par un traitement de qualité des 8000m2 restants.
· Augmentation des hauteurs 18m au lieu de 15m : sous réserve qu’il s’agisse d’un seul bâtiment de moins de
2100m2 et que la réalisation assure une intégration de qualité avec l’environnement forestier (végétalisation… ) .
· Diminution du nombre de parkings : on constate l’encombrement fréquent du parking dit de la piscine par des
utilisateurs sans lien avec cette activité, donc probablement de l’INSEAD, en conséquence nous estimons qu’il n’y
a pas lieu de réduire les obligations de stationnement.
B -- Un nouveau quartier au Bréau « le Parc des Subsistances » : 489 logement et un hôtel entre les cinémas et Avon
Un aménagement d’un quartier de 500 logements sans plan d’ensemble :
Comme rappelé dans l’éditorial les évolutions majeures rajoutées progressivement ne sont pas acceptables sans un plan
général et donc la refonte du Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) s’impose au préalable.
Une enquête n’incluant pas la commune d’Avon :
La commune d’Avon est directement concernée par la modification du quartier dit « Parc des subsistances » au Bréau.
En effet la géographie fait que c’est en réalité un nouveau quartier sur Avon. L’impact sera important sur le secteur
«Avon village » avec une incidence majeure sur les commerces et le trafic, en particulier les trajets vers la gare qui
doivent emprunter les rues Dumoncel ou des Déportés.
En conséquence nous estimons que l’enquête n’est pas valide sur ce point d’où un avis négatif.
De plus nous faisons part de notre opposition déterminée à : «une hauteur supérieure peut être ponctuellement admise si
elle est justifiée par un effectif al »intérêt architecture. Situés à 300m du Domaine du Château, de tels bâtiments dont
aucune limite n’est fixée, seraient visibles du parc et du Château. Rappelons que la Tour Warnery qui pour la plupart des
habitants et des visiteurs défigure l’arrivée sur la ville présentait en son temps un effectif intérêt architectural.
C – Autres secteurs : Il s’agit du changement de zone UF (bâtiments publics) en UD (habitat collectif, bureaux et
commerces…)
Hôpital section le long de la rue Dr Matry : Avis favorable sous réserve du maintien des projets actuels (restauration
des bâtiments anciens pour aménagement de logements, EPHAD) qui assurent la conservation des bâtiments existants.
Clinique de la Forêt, Rue Lagorsse : Avis favorable concernant la partie bâtie UDc (5500 m2), suite au départ de la
Polyclinique. En ce qui concerne le secteur UDcv (4050 m2) le règlement nous laisse perplexe et nous estimons qu’il est
impossible de donner un avis avec une définition aussi vague.
Bâtiments ONF Avenue de Constance : Avis favorable pour ce secteur déjà construit dans la continuité des zones
urbaines.
D -- Adaptation réglementaire de la zone UA : stationnement
La transformation de commerce fermé en logement se heurte à l’obligation de créer 2 places de parking. La
modification consiste à limiter cette obligation à une place par logement. Notre position est favorable à condition de
circonscrire cette dérogation aux seuls logements anciens en excluant les éventuels nouveaux projets.
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C -- Garage Citroën (177, rue Grande)
Un premier projet refusé car jugé "pastiche" des bâtiments avoisinants.
Une façade avec un "vocabulaire moderne" exigé.
Le résultat : aucune homogénéité des alignements pourtant imposé par le
PLU, des « boîtes » qui englobent les 2 derniers étages, un rez-dechaussée
indigne de cette rue.
Le CDAS a été plus que surpris que la mairie se soit en quelque sorte
défaussée puisque le permis a été attribué tacitement, une première pour
un permis de construire, qui plus est de cette importance (41 logements en
centre-ville).
Notre recours gracieux a été rejeté par la mairie, un permis n’étant pas
attaquable parce que tacite et sur le plan architectural du fait qu’il a été
accepté sans réserves par l’Architecte des Bâtiments de France (ABF).
Un espoir cependant : suite à nos actions le promoteur nous a indiqué
qu’il souhaitait revoir la façade et nous a demandé d’appuyer ses
demandes auprès de la nouvelle Architecte des Bâtiments de France.
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Nos actions auprès des promoteurs et architectes.
Pour tous les programmes nouveaux de quelque importance nous essayons d’avoir des contacts et d’intervenir le plus en
amont possible. Merci de le faire savoir et de nous aider sur ce point essentiel !
Rédaction du bulletin : Christian Roggeman, Jacqueline Nizart, Francis Ménard. Photographies : F. Ménard. S. Ruby.
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