Architectures du 20ème siècle
Les Journées du Patrimoine se devaient, en cette
année 2000, de mettre à l'honneur le patrimoine du XXème
siècle à travers sa diversité architecturale et ses domaines,
édifices publiques et commerciaux, immeubles et habitations
individuelles.
Dans ce cadre le CDAS propose une
exposition basée principalement sur un recueil d'images de cette
année, accompagné de quelques documents d'archives, photos anciennes
et plans.
Le XXème siècle parait si proche, si
commun, en comparaison de l'histoire du château et de la ville,
est-ce pour cela qu'il ne semble pas avoir éveillé la curiosité ? En
effet nous n'avons trouvé aucun document apportant une connaissance
approfondie du patrimoine de cette période pour la ville.
Le premier objectif de cette exposition est donc
de présenter un inventaire photographique le plus complet possible
des constructions de tous types de ce siècle. Cette inventaire n'a
pas la prétention d'une rigueur absolue, il englobe des réalisations
des dernières années du XIXème siècle, déjà
représentatives de " la belle époque ", et les dates, quand elles
sont estimées, peuvent présenter de légères imprécisions. Enfin si
la liste des immeubles et bâtiments publiques est presque complète,
une exhaustivité totale des maisons et villas aurait été
fastidieuse, aussi nous avons préféré privilégier les constructions
significatives des différents styles.
Le deuxième objectif est de montrer l'incidence
de ces constructions, en particulier les édifices publiques ou les
logements collectifs, sur le paysage urbain et leur intégration dans
le site.
Quelques remarques sur l'histoire urbaine de
Fontainebleau permettront sans doute de mieux situer la place de
l'architecture moderne. En effet cette histoire est marquée par une
grande stabilité, peu de villes ont connues aussi peu d'évolution.
Enserrée par la forêt la ville ne pouvait grandir, aussi pendant la
première moitié du siècle on assiste seulement à la création du
quartier de " la plaine de la Chambre ", le secteur de l'avenue du
Touring Club, et deux petites rues aux " Provençaux ". Dans le même
temps sont créés le quartier du Bréau et ses quelques rues, et enfin
le secteur de la Faisanderie, ces deux derniers hélas sur le domaine
forestier. Dans la deuxième moitie du siècle il n'y aura aucune
création de rues et encore moins de quartier.
Par ailleurs à Fontainebleau aucune
reconstruction d'après guerres, une stabilité démographique, donc
pas de banlieue - encore qu'une étude globale incorporant Avon reste
à faire - enfin pas encore d'opération immobilière de grande
envergure ...
Si l'on examine maintenant le rythme et le style
des constructions on peut différencier plusieurs périodes.
Un " Age d'or " commence vers 1880 grâce à
l'essor apporté par le chemin de fer et l'évolution économique, il
se terminera avec la crise de 1930. Cette période est marquée d'une
part par la construction d'immeubles bourgeois dont la rue Grande
présente des échantillons de styles remarquables, d'autre part la
réalisation des dernières grandes demeures, et surtout la
multiplication des maisons des quartiers nouveaux. Les images
mettent en évidence la qualité et la variété des architectures,
éclectiques avec ses formes et décorations complexes, art
vernaculaire avec ses interprétations des architectures régionales,
art nouveau surtout avec ses décors raffinés. L'architecture dite
moderne est plus rare, quelques immeubles et villas s'en inspirent,
un seul exemple caractéristique bien que tardif ( rue Béranger ) et
hélas bien mal intégré.
A l'exception du Théâtre, les édifices publiques
principaux sont d'un style presque homogène mais assez médiocre (
école St Merry, extension lycée et hôpital ), à noter cependant
l'aile sud de hôpital ( la plus cachée ).
Après 1930, peu de réalisations, seul au Bréau
quelques immeubles et des pavillons, inspirés des cités-jardins.
Puis dans l'immédiat après-guerre apparaissent les premiers "grands
ensembles" avec les trois barres de la Faisanderie. La Halle
construite en 1941 est bien lourde en comparaison des structures
béton exemplaires dont elle essaie d'hériter.
Les "Trente Glorieuses" ? ne serait-ce pas à
Fontainebleau l'an-architecture ? A défaut de plan d'urbanisme, une
tour des barres et des immeubles - petits ensembles ou "résidences"
- vont pousser là ou une parcelle un peu vaste se libère. Le style
va rester résolument le bloc ou le cube avec parfois un effort sur
les matériaux.
Depuis 1980 les réalisations, commencées avec le
front du marché ( Le Bellifontain ), puis de nombreux immeubles et
résidences présentent une architecture plus adaptée au tissus
urbain, reprenant le style des maisons "classiques" ou à la Mansart.
Les constructions individuelles sont assez rares, la plupart du
temps banales, à l'exception de quelques villas modernes.
Au début de cette période sont construits des
bâtiments publiques : la caserne des pompiers, le nouvel hôpital, la
polyclinique, et des édifices commerciaux dont un remarquable
pastiche ( hôtel Mercure ).
Même s'il se trouve à l'écart du
cœur de la
ville il ne faudrait pas oublier deux réalisations importantes,
l'IUT ( 1990 ) représentative de l'architecture métal et verre et
surtout le campus INSEAD avec ses sœurs CEREP et Centre Sud-Asie.
Cet ensemble dont la construction s'étale de 1970 à 1990 présente
deux styles résolument différents, d'une part les bâtiments
principaux métal et verre, coté Boulevard de Constance, et sur les
trois autres cotés, des structures briques et verres.
Quel bilan peut-on dressé ? Pour cela faut-il l'œil
de l'architecte, de l'urbaniste ? Prenons plutôt celui du promeneur
qui aime la ville. Il y a fort à parier qu'il appréciera
l'homogénéité des rues, le charme des constructions, la diversité
des éléments décoratifs. Aussi il est à craindre qu'il soit heurté
par les nombreuses perspectives surplombées par la tour Warnery ,
par ces barres qui se dressent sur le paysage, par des cubes
encastrées de ci de là parmi les maisons ou les hôtels des XVIIème
et XVIIème siècles.
Ce promeneur se poserait-il la question:
Fontainebleau, site inscrit au Patrimoine de l'Humanité ?
Photographies: F. Ménard
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